Le climat de l'écriture


Les parents face à récriture des enfants

Plus souvent déconcertés que persuades d'y trouver matière à réflexion, les parents regardent l'écriture de l'enfant avec des hochements de tête. Un type de jugement incomplet accompagne le regard jeté sur le cahier ou la lettre.

L'idée court d'ailleurs que toutes les écritures d'enfant se ressemblent, le risque est d'y perdre son latin à y regarder de trop près. Ainsi les remarques se limitent surtout à la propreté de la page, au respect des marges, à la lisibilité du texte, et l'appréciation se dit en termes tranchés de belle écriture ou de torchon.

Un regard hâtif et peu familiarisé explique la brièveté du commentaire et la frustration qui en résulte chez l'enfant. Jamais il ne sera assez dit combien il met d'efforts et de cœur dans le fait d'écrire, combien il prend les remarques avec intensité, combien il faut ménager sa sensibilité et son amour-propre.

La communication qu'il tente se dit à travers ses formes à lui, sa façon d'appuyer sur son stylo, celle d'écarter ses mots, il convient de ne pas l'oublier...

S'il refuse de bien écrire, s'il transgresse les règles calligraphiques, il a ses raisons qu'il faut chercher avec lui, mais cela n'exclut pas le fait d'une paresse tempéramentale, d'un manque de sérieux dans certains cas.

Comment regarder l'écriture de votre enfant ?

Le rappel des étapes de l'écriture qui croît chez l'enfant comme la plante, vous permet maintenant de ne pas vous affoler du chaos de ses premiers écrits, du manque de vie de son style à dix ans, et pourtant votre curiosité n'est pas rassasiée.

Avant de tenter une explication qui peut être hasardeuse, une première démarche visuelle consiste à s'imprégner du climat que reflète l'écriture. A l'aide d'un premier regard « neuf», tel un regard de peintre ou de photographe, qui cligne des yeux, voit l'ensemble avant les détails, vous saisirez l'important.

Sautent aux yeux cette page blanche, habitée de part en part de mots isolés les uns des autres, ou bien ce tracé frêle et tremblé, fébrile, ou encore le monumental des lettres de Jean, et s'en déduisent tout naturellement le retrait, la sensibilité maladroite, la fanfaronnade.

Pensez peut-être météorologie, avec ces termes de beau fixe, de ciel plombé et lourd, de chaud, de froid, d'averses monotones, et ne vous étonnez pas que, comme en Ile-de-France, ce ciel change et que le baromètre soit à consulter souvent.

Les impressions reçues, dégagées, vont aller soit dans le sens de ce que vous connaissez de l'enfant : bagarreur, timoré, désinvolte et distrait, soit elles vous apporteront des données qui ne

s'harmonisent guère avec ce que vous en savez.

S'amorceront alors des questions : sous la sagesse, que se passe-t-il, l'agitation provient de quoi ?

Et d'avancer quelques suppositions qu'il ne s'agit pas de dramatiser sur-le-champ : une naissance, un départ et l'écriture fléchit, le maître le remarque, les résultats scolaires s'en ressentent, le cercle se referme si l'enfant ne s'exprime pas sur ce qui l'a provisoire¬ment remué.

L'écriture est peut-être aussi moyen de communication orale...

Beau et chaud


Temps stable, un peu lourd, absence de vent et de nuages, une belle chaleur d'été, des températures de saison, celle de l'été en Ile-de-France peut-être, ainsi s'énonce le bulletin.
Alice regarde le ciel, elle ne prendra ni chandail ni parapluie, le baromètre est au beau fixe, il prédispose à la promenade.
Alice, dans l'année de ses dix ans, est en CM.2, ne donne guère de souci, enfant stable, affectueuse, attachante par sa ferveur et la solidité de ses petites idées (trait de l'écriture bien encré, forme bien f
aite, liaison entre les lettres présente et constante).

Elle rêve déjà d'un métier qui la distinguera, mais ne reniera pas son rôle de femme et de maman.

Le classicisme de son écriture ne rend pas compte de son originalité vive

Froid et stalagmite

Un froid piquant, dans un paysage gelé et blanc, une bise glaciale dans une lumière claire, les silhouettes des arbres d'hiver s'ornent de stalagmites fines et anguleuses, un baromètre au-dessous de zéro, le compte rendu météo n'incite pas à la flânerie, même sous un ciel étoile de Noël.

Il faut s'emmitoufler face à la bise mordante qui raidit la nuque et s'infiltre partout...

Antoinette en C.E.1 s'applique beaucoup et obtient déjà une écriture très précise ; ciselée pourrait convenir comme qualificatif.
Au prix d'une contraction et d'une volonté qui l'obligent à se ramasser sur elle (écriture anguleuse rai¬die, « gelée »), à réprimer son hypersensibilité, elle a décidé dans son for intérieur de faire honneur à sa famille, à ses parents, à sa maîtresse. Tout se mobilise chez elle dans ce sens

Ciel clair lumineux

Ciel clair et lumineux dans des tons pâles, la brise légère gonfle quelques nuages qui courent, il fait bon respirer et vivre ce matin et, qui sait, prendre le vent... en ballon, et découvrir l'atmosphère comme les oiseaux...
Antoine, neuf ans et demi, traverse son C.M.1 en enfant joyeux, bien adapté. Il rend l'affection reçue dans d'excellents résultats scolaires que son écriture posée, bien formée et claire laisse augurer, attend des félicitations pour des performances liées à beaucoup de facilités certes, mais d'efforts bien placés aussi.
Sa gaieté et son amour de la vie ne reflètent-ils pas le temps clair de sa météo ?

Orageux, éclair, tonnerre

Temps menaçant, instable, risques d'orages subits dans ce ciel chargé et sombre, traversé d'éclairs.

Le tonnerre roule, les averses éclatent, il ne fait pas bon s'aventurer dehors. Rémi, dix ans, manifestement mécontent, traduit ses déceptions dans un comportement difficile, la brusquerie de ses colères comme la lourdeur de ses mutismes gâchent l'atmosphère de la maison, qui se ressent de ses explosions comme de ses oppositions.

Ici, le travail scolaire en pâtit, l'anxiété est à l'origine d'une lenteur qui exacerbe la mauvaise humeur du maître et de l'élève, enferme Rémi dans le cercle du mécontentement, de la dévalorisation, de la bouderie.
Une rivalité fraternelle coiffe le tout, couronne les difficultés. Rémi est en rééducation.

Gros nuages

Au gré du vent qui souffle fort, s'enflent les cerfs-volants et courent les gros nuages ventrus poussés vent arrière ; sur un fond de ciel bleu mouvant rayé de blanc, ils glissent vers l'horizon, s'éloignent, après avoir longtemps accompagné la mer...

Ventru comme les nuages, ce graphisme qui se pousse en avant, mange la page et s'y étale d'un geste large, courbe mais curieusement retenu à gauche aussi (le haut des barres de t et de d).

S'il travaille vite et sans difficulté, Matthieu fait du tapage dans la famille pour susciter l'attention (écriture grande, gonflée, étalée), du chantage auprès de maman, gesticule et parle fort, fait des caprices et des colères.

Sa demande d'affection, le degré d'émotion, expliquent que Matthieu déborde dans ses manifestations familiales.

Bourrasques et éclaircies

Temps de printemps, incertain et changeant.

Giboulées et éclaircies fugitives, coups de vent en bourrasque, agitent le ciel et font courir les nuages, gare aux parapluies qui se retournent.

La patience et le calme, Jean ne connaît guère, et se tenir tranquille en classe relève de la prouesse.

Hypersensible et agité, il domine mal son impulsivité, s'il amuse un temps des camarades éberlués de tant d'imagination, il lasse les professeurs et n'obtient pas les résultats que son excellent Q.I. pourrait laisser espérer...

Il attire l'attention par ce tapage... la jalousie portée à sa sœur en donne peut-être l'explication.

Pluie fine

Rideau de pluie, petite pluie abat grand vent, doux bruit de la pluie. Le temps est à la pluie pour la journée, elle raye le ciel gris, tombe en rideau, avec un doux bruit qui endort...

Le bon élève sage couvre ses pages de ce dessin minutieux, monotone, bien formé, mais de légers tremblements se détectent...

Enfant fin, sensible et obéissant, Dominique accepte la discipline ou plutôt plie sous elle, et se plie aux ordres du maître, il s'applique, ne marque aucun désaccord face aux exigences.

Pourquoi ?
D'une part sa sensibilité s'accommode mal des conflits, d'une autre, il tire des gratifications de sa sagesse avec des notes de conduite mirobolantes. Mais la tristesse émane de l'écriture.

Temps mou et chaud

Beau temps, ciel ensoleillé parsemé de gros nuages blancs, c'est l'été. Grosse chaleur, temps mou et chaud pouvant tourner à l'orage, tout cela appelle la sieste et le repos... la paresse.

Benoît se traîne sur sa feuille, et se laisse aller au découragement. Puéril pour son âge, débordé par sa demande de tendresse, il réclame un soutien ; l'effort lui coûte tant, et il fait si bon dormir au soleil : comment suivre, n'être pas à la traîne, prendre confiance en soi ?

Il offre son cœur, mais qui lui redonnera une échine solide et la force de se battre avec lui-même ?

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