Les difficultés d'écrire

Mise en page
L'enfant s'éloigne des rives de l'enfance peu à peu, quitte ainsi progressivement le bord gauche de la feuille pour voguer plus seul mais tardivement. La notion de mise en page s'acquiert tard. Rompre les amarres, lâcher la sécurité familiale, faire moins de référence aux préceptes parentaux, supposent une première poussée d'autonomie, une volonté de s'organiser, une intégration des exigences éducatives.

L'enfant à l'aube de la prépuberté la marquera par un certain nombre de signes (début de personnalisation du graphisme, suppression de détails inutiles), l'amorce de marge le confirmera.

L'absence de marge, qui s'installe et qui persiste souvent tard, demeure une entrave ; point d'ancrage certes, référence, garantie de sécurité, mais aussi dépendance, qui d'un confort, qui d'un style de vie, qui d'une autorité. Le rêve d'indépendance, d'envol, a plus de mal à se concrétiser comme si une corde en retenait l'échappée.

La vitesse
L'évolution de l'enfant se signale par L'adoption et l'adhésion à un type de forme qui lui plaît, un type d'espacement, il doit jouer avec un notion de vitesse très difficile à déceler. Il se déplace dans la page avec les moyens du bord, à une vitesse qu'il contrôle plus ou moins qui le lance en avant, à des allures de flèche ou de bon grand-père, selon son temps, sa maturité, son pouvoir de différer ou non ses réactions.

Tout excès de vitesse ou de lenteur aura ses retombées et gênera l'adaptation à l'institution scolaire qui demande une « cadence », une régularité, un contrôle du tempérament. Le garçon sautille plus volontiers que la fille, marche par bonds successifs en avant, s'attarde peu sur cet exercice qui a plus un caractère nécessaire que plaisant.

Pour les besoins pratiques de la scription, le lent doit accélérer, l'impulsif se ralentir. Le premier passe trop de temps à dessiner ses formes, le second les néglige, la vision du « poteau » d'arrivée l'excite, ainsi il bâcle complètement son écriture qui joue mal son rôle de messagère ; le contenu est tronqué, peu lisible car déformé par hâte.

Les difficultés d'écrire
L'origine de la mauvaise écriture relève de causes très imbriquées, tout l'art des orfèvres en la matière étant déjà de les dénouer et de les traiter successivement. Il peut tout simplement s'agir d'enfants qui entendent ou voient mal {tests de la vision de l'audition), d'enfants qui ont du mal à se situer dans l'espace (notions de haut, de bas, de gauche, de droite, peu différenciées, d'enfants instables, etc.).

Nous laissons « hors sujet » les enfants qui n'ont pas un développement intellectuel suffisant. Les conséquences des difficultés repérées dans les tests vont se manifester différemment dans l'écriture, toujours défectueuse et maladroite dans son avancée, et souvent aussi par une mauvaise orthographe, une acquisition incomplète de la lecture dans certains cas.

S'ajoute à ces constats un comportement réactionnel à ces ennuis (enfant qui se ferme, se révolte, montre une grande inappétence scolaire, beaucoup d'inattention, des trous de mémoire). Cette incapacité à écrire suffisamment vite et bien, constatée par l'entourage souvent avec une insistance que l'enfant ressent mal, car il n'y peut rien, mais alerte en effet parents et maîtres, enfonce l'enfant dont les résultats scolaires ou les nécessités d'adaptation régressent.

-Marie écrit de la main gauche, faut-il y voir une raison sérieuse à son mauvais graphisme ?
Dans ce cas précis, il se peut qu'elle soit une gauchère contrariée ; son écriture aurait pu être meilleure si les tests avaient été faits à temps, elle devra probablement être rééduquée si elle est trop gênée et peu lisible.
A l'heure actuelle, en règle générale, les gauchers ne sont plus contrariés, si un enfant choisit de lui-même la main gauche il fera tout de la main gauche, son écriture ne se distinguera pas de celle d'un droitier sauf dans les traits de soulignement tracés de droite à gauche ainsi que dans les barres de t.

-Jean écrit des deux mains, les résultats peu
concluants de son écriture laissent perplexes. Que faire ?
Le fait d'être ambidextre correspond moins à une prouesse qu'à une difficulté. Si l'enfant se sert des deux mains, le choix doit être fait, avec son asservissement, pour l'une d'elles, en obtenant son adhésion et en fonction de la meilleure adresse droite ou gauche. Ce choix de la main doit être effectué avec fermeté et avec l'adhésion de l'enfant.

-Sophie, en raison de sa mauvaise orthographe, de sa lenteur et des anomalies de son écriture, a été consulter, et un diagnostic de dyslexie a été confirmé ; au 'en est-il de cette dyslexie, au nom un peu barbare ?

Sophie ânonne, et l'exercice de la lecture réclame pour elle des efforts non couronnés de succès. De fait, elle mélange les signes, prend un « b » pour un « d », place la deuxième syllabe avant la première (rifage au lieu de girafe), a du mal à combiner et à associer les sons au signe écrit qui leur correspond.

Toutes ces constatations résonnent sur récriture qui, elle aussi, bégaye et prend un aspect contraint, sans continuité, « haché » disent les spécialistes. Une très mauvaise mise en page ainsi que des ratures et des surchages orientent le diagnostic et doivent inciter les parents à consulter un orthophoniste.

Sérieusement traitée, rééduquée, la dyslexie régresse pour le bien-être et la meilleure insertion de l'enfant, l'écriture s'améliore, surtout si les mauvaises habitudes prises ne sont pas trop « enkystées ».

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